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Rapport du Colloque
19.12.2024
RAPPORT DU COLLOQUE SUR LE THEME « RECONFIGURER LES ETUDES AFRICAINES DANS LE PARTENARIAT NORD-SUD, SUD-SUD : QUELLES PERSPECTIVES ? »
Introduction
Du 20 au 22 novembre 2024, s’est tenu à l’Université de Parakou, le colloque international sur le thème « Reconfigurer les études africaines dans le partenariat Nord-Sud et Sud-Sud : quelles perspectives ? ». Ce colloque s’inscrit dans le cadre du partenariat entre le pôle d’excellence « Africa Multiple » de l’Université de Bayreuth, l’Université de Parakou, le Pôle d’excellence ACC de l’Université Joseph Ki-Zerbo, le Laboratoire de Recherches et d’Etudes sur les Dynamiques Sociales et le développement Local (LASDEL).
Ce colloque vise à améliorer la coopération académique en explorant de nouvelles formes de partenariats Nord-Sud et Sud-Sud. De façon spécifique, il s’agit de :
- Réunir les Scientifiques de divers horizons en vue d’échanges et de partages des résultats des travaux de leurs recherches
- Envisager une autre façon de faire de la recherche universitaire une recherche doublement rentable
- Renforcer la coopération entre le monde scientifique et universitaire, les agences de développement de la recherche et les acteurs du développement local
- Encourager la recherche Nord-Sud et Sud-Sud
- Encourager la valorisation des données de recherche
Ce colloque qui fait suite à l’édition de 2023 organisée par l’ACC Ouagadougou à l’Université de Joseph Ki-Zerbo, a eu le mérite de s’ouvrir en prenant en compte d’autres acteurs extérieurs au cercle des chercheurs francophones au sein du « Cluster Africa Multiple ». Ainsi, l’édition de 2024 a réuni les chercheurs, universitaires, étudiants et acteurs de développement venus de différents pays (Allemagne, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Maroc et Mauritanie). Après la céromonie d’ouverture officielle, cette rencontre scientifique a été marquée par deux tables rondes, des communications en panel et une visite touristique.
1. La cérémonie d’ouverture
Elle a été marquée par une série d’allocution. D’abord celui du coordonnateur des activités du colloque le Professeur Ramanou ABOUDOU. Dans son mot introductif, il a rappelé que cet événement a réuni des acteurs clés du domaine de la recherche, pour une réflexion sur les enjeux de la coopération scientifique. Il a ensuite précisé que ce colloque se veut un cadre d’échange pour approfondir les thématiques liées au développement à travers la recherche. Prof. ABOUDOU a souligné que cet événement représente un engagement collectif envers le développement du continent et met l'accent sur la nécessité de clarifier l’état actuel de la recherche, souvent perçu comme un enjeu propre aux chercheurs du Sud. Ensuite, ce fut le tour du Directeur Délégué du LASDEL à Parakou, Dr. (MC) Emmanuel Sambiéni N’Koué, de prendre la parole pour remercier les participants et a abordé les réalités moins visibles des partenariats de recherche. Il a souligné l’importance d’une discussion approfondie sur les thèmes du colloque, en reconnaissant que bien que les partenariats puissent apporter des solutions, ils comportent aussi des défis qui doivent être examinés de manière critique. Le représentant du Cluster ACC Ouagadougou, Dr. Soré Ousséni, a ensuite introduit le contexte de l’organisation de ce colloque qui selon lui, a été initié pour réfléchir aux problématiques africaines avec les Africains et pour les Africains. Il a exprimé l’espoir que ce colloque renforcera les liens entre les chercheurs pour mieux faire face aux défis communs du continent, tout en soulignant la pertinence de ce cadre pour une coopération authentique et ancrée dans les réalités africaines. La Représentante de l’Université Bayreuth, Prof. Dr. Erdmute Alber, a abordé l’importance de l’inclusion de diverses perspectives dans la production du savoir. Elle a insisté sur la nécessité d’élargir les discussions au-delà des laboratoires universitaires, pour inclure également les acteurs de la société civile et les femmes, souvent exclues des débats académiques, afin de rendre la recherche plus inclusive et pertinente. Quant à la Doyenne de la Faculté des Lettres Arts et Sciences Humaines de l’Université de Parakou (FLASH/UP), Dr. (MC) Clarisse Tama-Imorou, elle a insisté sur l’importance des sciences sociales dans le développement des communautés. Elle a appelé à repenser le partenariat de recherche pour le rendre plus pertinent et inspirant pour les décideurs, afin qu’il réponde aux besoins des populations locales et aide à résoudre leurs problèmes. Elle a encouragé les participants à faire preuve de créativité et d’audace, afin que ce colloque soit un moment de transformation intellectuelle. Enfin, le Vice-Recteur en charge de la Recherche, Professeur Mohamed Nasser BACO a rappelé que nous vivons une époque où l’Afrique, en pleine émergence, cherche à réaffirmer sa place dans le monde tout en renouant avec ses racines. La question de la reconfiguration des études africaines ne peut être dissociée des enjeux politiques, sociaux et économiques qui façonnent le continent. Dans un monde multipolaire, où les rapports de force ne cessent de se redéfinir, les relations entre le Nord et le Sud, tout comme celles entre les pays du Sud, sont d’une importance stratégique pour l’avenir de nos sociétés.
2. La conférence inaugurale
La conférence inaugurale, présentée par le Professeur AMOUZOUVI Dodji Hippolyte, a introduit le thème central du colloque : les perspectives des études africaines dans les contextes de coopération Nord-Sud et Sud-Sud. Il a souligné l’importance de réévaluer et de reconfigurer ces études pour les adapter aux réalités contemporaines et renforcer les liens entre les différentes régions du monde. Pour lui, la reconfiguration des études africaines est une nécessité pour renforcer la recherche africaine et pour répondre aux besoins et aux priorités des pays africains. Les études africaines doivent être menées de manière autonome et indépendante, en impliquant les acteurs africains dans le processus de recherche. Les financements doivent être orientés vers les priorités définies par les acteurs africains, plutôt que par les bailleurs de fond extérieurs. Les politiques publiques et les partenariats public-privés peuvent jouer un rôle important dans la promotion de la recherche africaine, en fournissant des financements et des ressources aux institutions de recherche africaine. La coopération internationale peut également jouer un rôle important dans la reconfiguration des études africaines en fournissant des financements et des ressources aux institutions de recherche africaines. Cependant, il est important de veiller à ce que les intérêts des pays africains ne soient pas sacrifiés au profit des intérêts des pays partenaires ou des entreprises privées.
3. Les communications
Le colloque a été marqué par une riche série de présentations couvrant des thèmes variés. Cinq thématiques majeures correspondant à des panels ont meublé ce colloque. Il s’agit de : Mobilité, changements climatiques, enjeux et perspectives dans les villes et les milieux ruraux, et Les Insécurités et l'Extrémisme Violent en Afrique. Ces panels ont mis en lumière des enjeux contemporains cruciaux pour le développement de l’Afrique, notamment en matière d'adaptation au changement climatique, de gestion des ressources naturelles, ainsi que de sécurité et de conflits. Les panels : Apprentissages et recherche en éducation, et Recherche et développement en lettres, langues et linguistique ont offert un éclairage pertinent sur les défis et opportunités dans les systèmes éducatifs et les domaines linguistiques au Bénin et dans le monde. Le dernier panel concerne : La géographie au service de l’économie locale. Ce panel a permis d'explorer les liens entre la géographie et l'économie locale, avec un focus particulier sur les enjeux de développement territorial dans diverses communes du Bénin. Les présentations ont abordé plusieurs aspects de la gestion des ressources naturelles, des réformes foncières et de l'impact des pratiques agricoles et urbaines sur les économies locales.
3.1. Apprentissages et Recherche en Éducation
Les présentations ont abordé la relation complexe entre l’école et la réussite sociale, soulignant les obstacles structurels auxquels sont confrontés les étudiants, particulièrement au Bénin. Une analyse a été menée sur les défis liés à la gouvernance éducative dans un contexte numérique en constante évolution, mettant en lumière la nécessité d’adaptation des systèmes éducatifs à l'ère du numérique.
La coopération Nord-Sud dans l’enseignement supérieur a été un point central, avec une attention particulière portée sur les défis liés à l’intégration des nouvelles technologies et à l’alignement des programmes sur les besoins locaux. Les communications ont également exploré l’apprentissage informel et l’insertion socioprofessionnelle, avec des études de cas dans les zones rurales du Bénin, notamment à Parakou et Tchaourou, où des stratégies d'adaptation aux conditions socio-économiques sont développées pour répondre aux besoins spécifiques de ces régions. La déperdition dans les universités publiques a été analysée, avec un appel à réformer les systèmes éducatifs de l’intérieur pour améliorer l'efficacité et la pertinence des formations.
3.2 . Mobilité, changements climatiques, enjeux et perspectives dans les Villes et les milieux ruraux
Ce panel a permis d’explorer divers aspects de la mobilité, du changement climatique et de leurs impacts sur les zones urbaines et rurales. Les communications ont analysé les dispositifs institutionnels mis en place pour promouvoir les pratiques agro écologiques au Bénin, soulignant l’importance de l’agriculture durable face aux défis environnementaux. Une attention particulière a été portée sur l’impact des infrastructures de mobilité urbaine à Ouagadougou, mettant en évidence les enjeux liés à l’urbanisation rapide et à la gestion des transports publics. Le thème de l’inégalité de genre dans l’agriculture, en particulier sur le plateau d’Allada, a également été développé, mettant en lumière les défis auxquels sont confrontées les femmes dans un secteur agricole en mutation.
Les discussions de ce panel ont permis d’approfondir la compréhension des défis contemporains liés à la mobilité, au changement climatique. Les enjeux environnementaux, notamment la gestion des ressources naturelles et des infrastructures dans les milieux urbains et ruraux, ainsi que les impacts du changement climatique, ont été mis en évidence comme des facteurs déterminants dans le développement durable de l'Afrique.
3.3. Recherche et Développement en Lettres, Langues et Linguistique
Les communications de ce panel ont porté sur des thématiques liées aux langues, à la culture et à la linguistique, avec un accent particulier sur l’impact des langues dans les rapports Nord-Sud. Des discussions ont porté sur l’influence des langues africaines dans la renégociation des rapports de pouvoir entre l'Afrique et le reste du monde, en soulignant le rôle central des langues dans la construction des savoirs et des identités culturelles. Une analyse des activités de réprobation dans le français ivoirien a montré comment les pratiques linguistiques peuvent servir de miroir à des dynamiques sociales et morales complexes. Les présentations ont également examiné l’impact de la littérature et de la culture subsaharienne de la nouvelle génération, à travers l’étude des langues et des dialectes, ainsi que la manière dont ces langues sont utilisées pour parler de questions sociétales telles que la maladie, la pauvreté et la guerre. Des chercheurs ont aussi analysé le rôle de l’éducation religieuse dans les sociétés africaines, tout en mettant en évidence les rôles et stratégies discursives dans la négociation de l’espace d’apprentissage dans des contextes sociaux divers.
La question de la coopération Nord-Sud en matière de recherche au Bénin a été abordée sous l’angle des enjeux et perspectives dans la mise en œuvre des programmes de recherche, avec un focus sur l’importance de la collaboration internationale pour soutenir la recherche locale et améliorer la qualité des formations. Les discussions de ce colloque ont permis de dégager des pistes essentielles pour renforcer l'intégration des défis éducatifs et linguistiques dans les processus de développement en Afrique. Les questions de gouvernance, d’innovation pédagogique et de coopération Nord-Sud ont été au cœur des échanges. Les participants ont souligné l'importance d'une réflexion collective pour renforcer l'efficacité des politiques éducatives et promouvoir une éducation inclusive et durable pour le développement de l'Afrique.
3.4. Les insécurités et l'extrémisme violent en Afrique
Ce panel s’est concentré sur les questions de sécurité et d’extrémisme violent en Afrique, avec une attention particulière portée sur les régions fragiles du continent. Une première réflexion a exploré les liens entre l’extrémisme violent et les problématiques d’insécurité en Afrique, en abordant les implications philosophiques et théoriques du phénomène à travers le prisme de la pensée de Kant. Une analyse des dynamiques de gouvernance et de terrorisme dans le triangle frontalier Bénin-Burkina Faso-Niger a permis de mettre en lumière les défis sécuritaires dans cette région particulièrement vulnérable. La question des conflits entre éleveurs et agriculteurs au Nigéria a été abordée, notamment dans l'État de Bornu, où une analyse des causes de la violence et des stratégies de gestion des conflits a été présentée.
D’autres présentations ont examiné les politiques publiques de lutte contre l’extrémisme violent au Sahel, avec un focus sur les spécificités de la région et les défis d’une réponse sécuritaire et politique efficace. Le rôle des femmes dans la lutte contre l’extrémisme violent a également été étudié, notamment à travers l’analyse du statut familial et des rôles traditionnels des femmes dans les communautés rurales. Des réflexions ont aussi porté sur l’ingénierie religieuse et son utilisation comme outil de lutte contre l’extrémisme violent au Niger, à travers des initiatives de dialogue intra et interreligieux. Enfin, les dynamiques de la collaboration entre les régimes de transition et la diaspora guinéenne ont été analysées sous l’angle des flux migratoires et de l’engagement des acteurs internationaux dans les processus de réconciliation et de développement en Afrique.
Les discussions de ce panel ont permis d’approfondir la compréhension des défis contemporains liés à l'extrémisme violent. Les questions de gouvernance, de radicalisation et de conflits intercommunautaires ont révélé l’urgence d'une approche globale pour aborder les crises sécuritaires et promouvoir une paix durable sur le continent.
3.5. La géographie au service de l’économie locale
Les discussions ont commencé par une analyse de la répartition spatiale des infrastructures sanitaires au Bénin mettant en évidence des disparités notables dans l'accès aux soins, et soulignant la nécessité d'une réorganisation géographique des infrastructures pour améliorer la couverture sanitaire des populations locales. Les présentations ont également abordé la déforestation et la gestion durable des terres dans la forêt. Les intervenants ont proposé des stratégies pour gérer cette ressource précieuse de manière durable afin de soutenir l’agriculture locale tout en préservant l’environnement. Par ailleurs, l'impact des phénomènes géopolitiques sur les économies locales a été examiné. Un point saillant a été l'étude sur la production agricole et l'insécurité liée à la menace djihadiste. Les chercheurs ont démontré comment l'instabilité sécuritaire affecte directement les activités agricoles et, par conséquent, l'économie de la région. Ce panel a montré l'importance de la géographie dans la gestion des ressources et le développement économique local, tout en soulignant les défis contemporains auxquels les communautés rurales et urbaines du Bénin sont confrontées dans leurs processus de développement. Les interventions ont mis en évidence l'importance d’une approche intégrée pour un développement durable et inclusif, prenant en compte les spécificités géographiques, sociales et économiques des territoires.
4. Les tables rondes
4.1. La coopération et le partenariat de recherche Nord-Sud et Sud-Sud
La deuxième journée a commencé par une table ronde sur la coopération et le partenariat de recherche Nord-Sud et Sud-Sud, où des experts ont mis en lumière les diverses problématiques et dynamiques entourant la coopération en recherche entre les pays du Nord et du Sud, ainsi que les partenariats Sud-Sud. Les interventions des participants ont souligné plusieurs enjeux clés, tant sur le plan des relations inter-pays que des contraintes pratiques et financières. Il s’agit du manque de transparence sur les intérêts des partenaires du Nord, l’impact sur l'emploi dans les pays du Nord, la dépendance des Chercheurs du Sud vis-à-vis du Nord (cette relation asymétrique entraîne souvent une subordination intellectuelle et une limitation de l'autonomie des chercheurs du Sud, les contraignant à s’aligner sur les priorités du Nord plutôt que de développer des solutions adaptées à leurs propres contextes). Par ailleurs, il a été souligné la réduction des financements, la nécessité des partenariats, la prise en compte des priorités des pays du Sud en matières de recherche et le développement de la diplomatie scientifique. En résumé, cette table ronde a permis de dresser un portrait critique des partenariats de recherche Nord-Sud et Sud-Sud, en mettant en lumière les défis de dépendance, de capitalisation des ressources et de priorités mal alignées. Pour améliorer ces partenariats, un changement d’attitude des parties prenantes, un investissement dans la diplomatie scientifique et une implication renforcée des États du Sud sont nécessaires.

Figure 1: Table ronde sur la valorisation des résultats de recherche
4.2. Valorisation des résultats de la recherche
La table ronde sur la valorisation des résultats de la recherche a mis en lumière plusieurs enjeux relatifs à la manière dont les résultats de la recherche sont produits, diffusés et utilisés, notamment dans le cadre des politiques publiques et universitaires. Les discussions ont abordé différents pôles d'acteurs impliqués dans la recherche : les politiques de la recherche, les producteurs de la recherche (les universitaires), ainsi que les utilisateurs des résultats de cette recherche. Les points clés développés lors de la table ronde sont les suivantes : les politiques de la recherche ne sont pas toujours conçues de manière à être opérationnelles et adaptées aux besoins des chercheurs. Il existe un écart entre la conception des politiques et les réalités de terrain, ce qui empêche une véritable valorisation des résultats de la recherche.
Les universitaires se considèrent souvent plus comme des chercheurs que comme des enseignants, ce qui conduit à un manque de collaboration et d'échanges avec les autres acteurs, en particulier les décideurs politiques. Il a été souligné qu'une telle approche doit évoluer pour permettre une meilleure circulation des savoirs et des résultats de la recherche. Il existe également un manque de cadre de dialogue entre les chercheurs et les acteurs politiques, ce qui nuit à l'intégration des résultats de la recherche dans les politiques publiques. Par ailleurs, les problématiques dans lesquelles les chercheurs sont engagés nécessitent une approche pluridisciplinaire. La recherche devrait aborder les questions sous différents angles et intégrer des perspectives variées pour en maximiser l'impact. Les questions de valorisation elle-même soulève des interrogations telles que : quelle valorisation des résultats de la recherche est nécessaire et à destination de quels utilisateurs. Quelle méthode de valorisation à adopter ? La valorisation ne doit pas se limiter à une simple diffusion des résultats, mais plutôt à une mobilisation active des résultats de la recherche pour répondre aux besoins réels des utilisateurs. Toutefois, la valorisation comporte des limites dans certains domaines comme celui de l’art. La valorisation des œuvres artistiques est souvent centrée uniquement sur la nouveauté et non sur la création individuelle et le processus de création. Il a été souligné qu'un changement épistémologique était nécessaire pour mieux reconnaître l'importance de la dividuation dans la recherche, en particulier dans les domaines créatifs.
Des recommandations ont été formulées pour relever le défi de la valorisation des résultats de la recherche :
- Adoption par l’État d’une stratégie claire, notamment un cadre réglementaire qui soit émancipant et adapté aux réalités de la recherche.
- Développement par les universités des politiques de renforcement des capacités, en mettant l'accent sur la production de résultats de qualité et la gestion du temps dans la recherche.
- Budgétisation des projets de recherche favorable à la valorisation des résultats, et incluant des considérations de discipline, d'éthique professionnelle et de mobilisation des ressources.
- Promotion de la motivation des chercheurs et du renforcement de leur organisation dans le processus de valorisation, afin de maximiser l'impact de leurs travaux sur la société.
La table ronde a souligné l'importance de repenser la valorisation des résultats de la recherche à travers un cadre stratégique et intégré. Pour que la recherche ait un impact réel sur les politiques publiques et la société, il est crucial de renforcer la collaboration entre les chercheurs, les décideurs politiques, et les autres acteurs impliqués. Les efforts doivent viser à promouvoir une valorisation plus large et inclusive, allant au-delà des simples résultats techniques pour intégrer des dimensions créatives, humaines et sociales de la recherche.
5. Recommandations pour améliorer la coopération et les partenariats de recherche nord-sud et sud-sud
Suite aux discussions des deux tables rondes portant respectivement sur : La coopération et le partenariat de recherche Nord-Sud et Sud-Sud et la Valorisation des résultats de la recherche, plusieurs enjeux ont été mis en lumière. Afin de répondre aux défis identifiés, voici un ensemble de recommandations stratégiques qui pourraient être mises en œuvre pour améliorer la qualité, l'équité et la durabilité des partenariats Nord-Sud et Sud-Sud:
- Renforcer la transparence dans les partenariats
- Redéfinir les priorités de recherche selon les besoins locaux
- Réduire la dépendance des chercheurs du Sud vis-à-vis du Nord
- Assurer un partage équitable des ressources et des bénéfices
- Renforcer la diplomatie scientifique et l’engagement des États du Sud
- Promouvoir des partenariats équitables et réciproques (Sud-Sud et Nord-Sud)
- Améliorer la capitalisation des ressources de recherche
- Renforcer la collaboration entre les chercheurs et les décideurs politiques
- Mettre en place des stratégies de renforcement des capacités dans les universités
- Promouvoir une valorisation pluridisciplinaire et créative des résultats de la recherche
- Mettre en place un cadre réglementaire et financier propice à la valorisation

Figure 2: Cérémonie de Clôture du colloque
Conclusion
Le colloque a permis de mettre en lumière plusieurs enjeux importants pour les études africaines et les partenariats Nord-Sud, Sud-Sud. D’une part, les interventions ont souligné la nécessité de repenser les études africaines dans un contexte de mondialisation, en intégrant de manière plus active les réalités locales et régionales. D’autre part, les partenariats Sud-Sud ont montré un potentiel considérable en matière de coopération scientifique, surtout dans les domaines de la gestion des ressources naturelles, de la sécurité, de la gouvernance, et du changement climatique.
La coopération Nord-Sud, bien que toujours d'actualité, a été remise en question par certains intervenants, qui ont insisté sur la nécessité de privilégier des relations plus égalitaires et plus adaptées aux spécificités des pays du Sud. Les chercheurs présents ont également souligné le rôle crucial de l’éducation et de la recherche dans la construction de sociétés africaines résilientes et inclusives. Enfin, le colloque a offert un espace pour réfléchir à la manière de valoriser et d’appliquer les résultats de la recherche dans des projets concrets, favorisant ainsi le développement durable et la stabilité socio-économique des pays africains.