Étude socio-anthropologique sur les sources endogènes de dialogue et de paix contre le terrorisme au Burkina Faso
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Research Section: Knowledges
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Project duration: 01.10.2019 - 30.09.2023
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Summary
Au Burkina Faso le terrorisme a engendré une situation sécuritaire et sociale délétère. Selon l’ONU, le nombre de déplacés internes du fait du conflit a atteint 843 329 en avril 2020. De nos jours, près de 1.000.000 d’habitants sont en déshérence sur toute l’étendue du pays et les pertes en vies humaines s’élèvent à plus de 2000.
Dans le contexte actuel du terrorisme, les communautés sont perçues comme des acteurs passifs faisant l’objet de sensibilisation, ou parfois même comme les auteurs ou complices du terrorisme. Certaines font alors l’objet de mesures répressives, suscitant incompréhensions, frustrations et indignation. De fait, l’une des limites de la lutte contre les effets du terrorisme tient aux grandes difficultés rencontrées par les acteurs institutionnels à mobiliser les acteurs communautaires et à mettre en place des collaborations actives et efficaces.
Les résultats permettront de comprendre les perceptions et les représentations communautaires du terrorisme par les populations et surtout de révéler leur patrimoine socio-culturel de gestion des crises. Il s’agira de donner la parole aux populations pour cerner leur mode d’appréhension, de signification, d’identification du terrorisme et les comportements qui y sont liés. Les populations concernées vont dire par ellesmêmes ce que c’est que le terrorisme, ses causes, ses manifestations, ses conséquences. L’étude va répertorier les types de violences, les acteurs de la violence, les traumatismes subis par les victimes, notamment les femmes, les enfants et les personnes âgées.
Le travail s’intéressera aux sources endogènes de résilience face au terrorisme ainsi qu’au griot comme dépositaire des mémoires ancestrales, de la tradition, des us et coutumes. Ces griots vivent dans les communautés où sévit le terrorisme et continuent de jouer un rôle important. Une comparaison sera faite à ce niveau avec la même situation au Nigéria. Les résultats de l’étude pourront servir à plusieurs types d’acteurs dont l’État burkinabé, les Organisations de la société civile, les ONG de l’humanitaire pour la sécurisation et la protection des populations sous le terrorisme.
Questions principale
La question principale de recherche est: quelles sont les perceptions du terrorisme et les sources endogènes de résilience des populations au Burkina Faso?
L’objectif principal poursuivit à travers cette question est de recenser les perceptions des populations et les sources endogènes communautaires qui permettaient jadis et même de nos jours aux différents groupes ethniques et autres catégories sociales intra et intercommunautaires de résoudre les conflits de tout genre dans leur société. Il s’agira d’identifier les conflits, les mécanismes de résolutions et les acteurs. Ces sources endogènes seront analysées pour faire ressortir leur habilitation comme facteurs de résilience, de dialogue et de paix par rapport au terrorisme.
Concepts et méthode
Dans la présente étude, l’accent sera mis sur le terrorisme et les sources endogènes communautaires pouvant contribuer à son atténuation, par le dialogue, la protection des populations et la paix. Alex Schmidt et Berto Jongman en 1988 en listaient 109 différentes définitions du phénomène (MUCCHIELLI. 2010). Celles-ci ont trait à l’usage de la violence (physique ou verbale). L’usage de la peur, le niveau d’organisation, l’idéologie en sont des traits communs.
La Société des Nations, dans une convention signée le 16 novembre 1937, à Genève, définissait le terrorisme comme “tout acte criminel dirigé contre “. BONIFACE (2001) entend du terrorisme: “une entreprise délibérée tendant par l’intimidation ou la violence à renverser les institutions démocratiques ou à soustraire une partie du territoire national à l’autorité de l’État”. Le terrorisme en tant que “violence d’État” apparaît, dans une autre approche politique comme étant le fait des structures officielles (armée, police, services de renseignements…) ou encore de structures parallèles à celles de l’État (escadrons de la mort …), mais agissant au service de la politique menée par cet État, sinon sur ordre des autorités dirigeantes, du moins avec leur tolérance (CLAISSE E et Co 2018).
Nous envisageons le terrorisme dans la présente étude sous la posture de CLAISSE et Co, (Op, cit) comme un (des) acte(s) de violence physique, dirigé(s) contre des personnes ou des biens et perpétré(s) par un individu, par un groupe d’individus ou par l’État. Sur le plan de la poursuite, de l’arrestation et de la sanction de leur(s) auteur(s), les actes du terrorismese voient assimilés à des crimes de droit commun.
La méthodologie de recherche reposera essentiellement sur l’approche qualitative basée sur des données des écrits, des opi - nions, des archives, des suivis de traces. Les sources documen - taires et les archives d’histoires, de géographie, d’anthropologie, de sociologie, d’économie et de littérature seront consultées dans les principaux bibliothèques et centres de la sous-région ouest africaine. Des enquêtes de terrain seront conduites auprès de personnes ressources identifiées en fonction de leurs statuts, rôles et positions, au plan social, politique dans les régions admi - nistratives fortement impactées par le terrorisme. Les enquêtes de terrain tiendront compte de la dimension genre. Il s’agira de ce fait d’interroger les hommes, les femmes, les jeunes, les per - sonnes âgées, en sachant que dans cette situation, les femmes sont les plus marquées par les traumatismes, la faim, les ques - tions de santé liées à la déshérence. L’enquête de terrain prendra en compte particulièrement cette catégorie ; aussi bien dans les camps des réfugiés que dans les localités où elles sont héber - gées à titre humanitaire. Des prises de vue (photographies) et des enregistrements audios seront effectués. Les techniques et outils de collecte des données seront l’entretien non directif ou semi-directif, à l’aide de guides d’entretien et l’observation non participante.
Contribution à l'agenda du Cluster
Le terrorisme est un mot datant du 14ème siècle. Il a concerné des sociétés, des hommes et des pratiques sociales. De nos jours, le concept est l’un des plus usité au quotidien tant, les pays et les populations en paient un lourd tribut. Il est devenu depuis plu - sieurs décennies une préoccupation mondiale en frappant aus - si bien les nations riches que les pauvres (Europe, Asie, Afrique, Amérique, Australie). On pourrait conclure au regard de ce constat que “ à chaque continent ou à chaque région du monde son terrorisme “, ou encore qu’il y a le terrorisme des uns et le terrorisme des autres. C’est ainsi, reconnaitre que le terrorisme à un visage pluriel et complexe. Les populations ont des connais - sances variées sur le terrorisme et disposent de ressources en - dogènes pouvant servir à l’atténuer sinon mieux contribuer à la gestion des nombreux problèmes sociaux qu’il suscite. De ce fait, il faut étudier le terrorisme sous plusieurs angles.
Il y a ici un lien entre le présent projet et la multiplicité des ap - proches ; du reste, les pays et les communautés n’engagent ni les mêmes moyens ni les mêmes méthodes pour combattre le terrorisme. Il n’engendre pas non plus les mêmes conséquences dans toutes les régions.
Project Team
Désiré Boniface Some
Sociologue
Université Joseph Ki-Zerbo
Ouagadougou
Prof. Dr Franca Attoh
Sociologue
Université De Lagos
Project Leader:
- Dr. Désiré Boniface Somé
Project summary:
Socio-anthropological study on indigenous sources of dialogue and peace, as means in fighting terrorism in Burkina Faso
In Burkina Faso, terrorism has created a dangerous social situation. According to the UN, the number of persons who lost shelter due to the internal conflict reached 843,329 in April 2020. Today, nearly 1,000,000 inhabitants are dispatched throughout the country and the number of casualties amounts to more than 2,000. In the current context of terrorism, communities are being perceived as passive participants, sometimes even as perpetrators or accomplices of terrorism. Therefore, they often become objects of repressive measures which cause further incomprehension, frustration, and indignation. In fact, one of the obstacles, to this fight against terrorism effects, lies in the fact that institutions are having great difficulties in mobilizing community members and setting up active and effective collaboration.
The results of this research will help in understanding the way terrorism is perceived und depicted in population and, above all, to manage this crisis through revealing their socio-cultural heritage. The aim is to give the population a voice to identify their fears, the meaning of terrorism and the behaviours linked to it. The affected populations will have a chance to say what terrorism represents for them, what are its causes, its manifestations, and its consequences. The study will help in identifying all types of violence, the participants in it, and all the traumas suffered by the victims, particularly women, children, and the
elderly. The focus will be on the indigenous sources of resilience in the face of terrorism, as well as on griots as repositories for ancestral memories, tradition, customs, and habits. These griots live in communities where terrorism is rampant and continue to play an important role in them. A comparison will be made simultaneously with the situation in Nigeria. The study results can be used by several involved parties.