Cette sensation de familiarité
Cette sensation de familiarité et d’étrangeté. L’Europe s’est uniformisée. Pratiquement les mêmes magasins, la même ordonnance des rues, les mêmes panneaux de signalisations, les mêmes habits des passants, et les mêmes attitudes en espace public. Mais le silence ici est impressionnant. Les enfants jouent en silence. Les adolescents sont discrets, ne crient pas trop, ne rient pas trop. Les glaces ferment les bouches. Le soleil inonde la place. Etrangeté car je ne parle pas la langue. L’envie n’est pas moindre de s’approcher. Mais ni l’allemand, ni le français. Et cette tendance à parler à tous en portugais… Me découvrir portugais en Allemagne… C’est le comble. Je ne maîtrise même pas très bien le portugais. Comprendre un peu n’est pas parler et se passer pour… Je m’assois sur le banc. Le soleil est intense. Les pavés réceptionnent magnifiquement les ombres. Un pigeon n’ose pas s’approcher. Les passants passent dans mon cadre que je ne bouge pas. Je voudrai interroger le vide. Cet espace de terre recouvert de pierre. Est-ce pour une bonne circulation ou pour estomper la poussière ? Je fais de temps à autre ce rêve, toute la terre est pavée. L’être humain a réussi à paver ou à recouvrir toute la surface de la terre, sauf les eaux bien sûr, sauf les endroits où il daigne bien faire pousser les plantes, mais ces endroits sont entourés de béton, de dalle, de ciment. Mon rêve s’interrompt toujours là quand je commence à marcher sur cette surface. Ainsi, je me mets dans ce rêve en cadrant mes photos. Que se passera-t-il ? Bien d’autres scènes sont arrivées là sans que j’aie fait l’effort de prendre la photo. Une calèche, avec de gros chevaux. Bien bavarois. Des chiens. Tenus en laisse. Des enfants qui courent – ouf ! Des voitures électriques, dont on entend à peine le moteur. Des vélos, et encore des vélos. Et de longs moments sans personne dans le cadre, la lumière qui change malgré l’absence de nuage. Je me demande pourquoi ? Les yeux, en se détournant, puis revenant, recommencent le paysage, et la lumière et la couleur. Détestent ce vide et commencent à mesurer les dimensions des pavés, si tout est bien régulier, partout, si chaque rectangle est …
Arrivé à ce stade, je me lève…
The sense of familiarity and strangeness is palpable. Europe has become uniform. The stores are practically identical, the streets follow the same patterns, the traffic signs are the same, passersby wear similar clothes, and there is a common demeanour in public space. However, the silence here is truly remarkable. Children play silently, and teenagers are discreet, not prone to excessive shouting or laughter. Ice creams keep their mouths occupied. The sun bathes the square in its radiance. I feel a sense of unease because I don't speak the local language. Yet, it doesn't diminish my desire to connect. However, neither German nor French come to my aid. I'm tempted to speak to everyone in Portuguese... To discover my Portuguese identity in Germany. It seems absurd, especially considering that my Portuguese is far from fluent. Understanding a little is not the same as claiming fluency. I find solace on a bench. The sun shines with intensity, and the cobblestones elegantly capture the shadows. A pigeon hesitates to approach. Passersby step into my camera frame as I remain still. I'm intrigued by the emptiness, this expanse of land covered in stone. Is it designed for efficient circulation or to minimize dust? Occasionally, I dream that the entire Earth is paved. Humanity has managed to cover or pave the entire surface, except for the waters, of course, and the areas where plants are allowed to grow, which are surrounded by concrete, slabs, and cement. My dream always ends when I take my first steps on this surface. So here I am, immersed in my dream, framing my photos. What will unfold? Many other scenes have unfolded before me without my conscious effort to capture them. A carriage with majestic horses, so distinctly Bavarian. Dogs obediently on leashes. Children running around - a sigh of relief! Electric cars, their engines barely audible. Bicycles, everywhere I look. And moments of solitude, with no one stepping into the frame, as the light subtly changes despite the absence of clouds. I wonder why? My eyes, momentarily averted, return to the landscape, the light, and the colours. They reject the emptiness and start to measure the dimensions of the cobblestones, ensuring their uniformity, examining each rectangle...
At this point, I stand up...